Du 13ème siècle à la Révolution, durant près de 600 ans, des moines « paysans » ont exploité cette ferme appelée « grange » pour subvenir aux besoins alimentaires de leur abbaye. A proximité, une partie de la Grande Prée inondable de la vallée est toujours désignée la « Prairie de la Grange », rappelant leur présence séculaire.
Face à la boire, la maison a conservé des éléments authentiques : jardinet muré, dépendances couvertes de tuiles, ouvertures parées de tuffeau, rondelis sur la rive des deux pignons… Le toit en ardoises très pentu a permis d’aménager un grenier à double niveau pour faciliter le stockage des récoltes… Des barreaux de pierre ornent deux fenêtres à l’est et au nord, cette dernière possédant un montant vertical (fenêtre dite à meneau).
>>> Voir dessin, car ces fenêtres ne sont pas visibles du chemin…

La maison de la Grange vue du nord est, avec ses fenêtres à meneau et traverses… L’escalier masque une ancienne ouverture à plein-cintre.
Dessin : Michel Pressensé
+++ Vers 1200, pour le salut de son âme, un petit seigneur de St Herblon, Geoffroy de Carcouët, céda aux moines de l’abbaye de Pontron une terre située en la paroisse d’Anetz au bord de la boire, moyennant 110 sous ( » duo arpenta pratorum ultra beriam de Arneto « , deux arpents de pré près de la boire d’Anetz). Ils y plantèrent une vigne et bâtirent une maison. Ce fut l’origine de la « grange » d’Anetz.
L’abbaye cistercienne de Pontron (fondée en 1130) était située à une vingtaine de kilomètres au nord est, près du Louroux-Béconnais (49), à proximité de la frontière entre Anjou et Bretagne.
Les « frères de choeur » se consacraient à la louange de Dieu, mais les Cisterciens voulaient aussi assurer l’autarcie de l’abbaye : des « frères convers » assuraient les taches domestiques et agricoles, répartis dans de nombreuses « granges » disséminées aux alentours.
L’une d’entre elles était la grange d’Anetz, confiée à quelques moines travailleurs sous l’autorité d’un « cellérier » (économe). Des journaliers les suppléaient en cas de nécessité, en particulier pour les grands travaux saisonniers : labours, fenaison, vendanges… Un pré des alentours était désigné « le pré du Moine Blanc » sur le cadastre de 1812.
Tous les biens de l’abbaye furent vendus comme biens nationaux à la Révolution et achetés par des bourgeois fortunés.

Bancs de pierre appelés « coussièges » encadrant l’intérieur d’une fenêtre pour profiter de la lumière du jour et faciliter la lecture des prières.